Marc était mécanicien dans un atelier de mécanique générale dans l’Est du Québec. Le 17 mars 2021, il devait effectuer des changements de pneus surdimensionnés sur des roues à jantes multipièces provenant d’un chariot cavalier (travel lift) pour des entreprises de la région. Ces travaux nécessitent une pression d’air nulle dans le pneu afin d’assurer un démontage sécuritaire des différentes composantes de la roue.
CE QUI S’EST PASSÉ
Avant de changer un pneu surdimensionné, il est nécessaire de le dégonfler; tâche qu’une autre équipe avait commencée pendant que Marc et ses collègues effectuaient des travaux chez un client. Lors des travaux de dégonflage, la première équipe avait constaté une anomalie sur la valve, qu’ils croyaient avoir réglée, car ils constataient une sortie d’air soutenue et constante.
À leur retour au garage pour faire le changement de pneu, on confirme à Marc et à son compagnon que le dégonflage du pneu était entamé depuis le début de la journée. Le collègue de Marc a vérifié avec sa main et a constaté qu’il n’y avait plus d’air sortant de la valve. Les deux travailleurs ont donc commencé le désassemblage de la roue. Vers la fin de la tâche, la clé à percussion commençait à être de plus en plus difficile à manier signe qu'il y avait toujours une résistance sur l'écrou. Malgré tout, ils continuèrent le travail.
Suite au retrait du dernier écrou, un bruit d’éclatement a retenti et des pièces de la jante ont été projetées dans les airs sous l’effet de la pression, frappant Marc à la tête et au visage. Il a alors été projeté à plus de 15 pieds, selon des témoins. Marc a été transporté d’urgence à l’hôpital le plus près, puis redirigé par avionambulance vers un hôpital d'un grand centre. Il a été maintenu une dizaine de jours dans le coma. Il se souvient très bien d’avoir été projeté dans les airs, mais n’a plus aucun souvenir entre ce moment et son réveil à l’hôpital.
LES SÉQUELLES
Marc était complètement défiguré, il a dû subir plusieurs chirurgies afin de lui reconstruire le visage. Il a aussi perdu plus de 85% de la vision d’un oeil, ce qui malheureusement ne peut être reconstruit par un chirurgien. Tout au long de ces événements, les premiers répondants et les services d’urgence ont dû le réanimer à cinq reprises. Il se dit miraculé.
Plusieurs mois de réadaptation ont été nécessaires pour redonner à Marc un minimum de mobilité. Un an plus tard, sa vie a complètement changé : il n’est toujours pas de retour au travail, il ne peut plus conduire de véhicule et certaines douleurs persistent et sont devenues chroniques. Il continue néanmoins d’espérer un jour être en mesure de reprendre le travail.
Les séquelles ne touchent pas que Marc. Plusieurs témoins ont été ébranlés par la scène, particulièrement son collègue de travail avec qui il accomplissait la tâche et qui est passé lui-même, à deux doigts d’une catastrophe.
DES LEÇONS À TIRER
Dans certains cas, le travail en équipe peut amener son lot de risques puisqu’il se peut que toutes les étapes ne soient pas réalisées à 100 % par la même personne. Lorsque l’on est appelé à poursuivre une tâche déjà amorcée, on doit questionner les collègues, valider l’information au besoin et rester attentif afin de déceler toute anomalie.
Il est important de prendre un moment pour analyser les risques avant d’effectuer une tâche. Il est tout aussi important d’appliquer les méthodes de travail sécuritaire. De plus, si on constate une anomalie sur un outil, sur un équipement, ou lors de l’exécution de la tâche, on ne doit pas hésiter à arrêter le travail et à en faire part à son supérieur immédiat. Ça peut paraître cliché, mais un seul accident est un accident de trop!
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