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Trop tard, le mal est fait : je suis déjà sourd!

Trop tard, le mal est fait : je suis déjà sourd!
(RICHARD DUSSAULT)

L’idée préconçue comme quoi les travailleurs malentendants n’ont pas besoin de se protéger parce que le dommage est déjà fait est erronée. La surdité est irréversible et invalidante.

Et oui, la situation peut s’aggraver. La qualité de vie du travailleur, autant au travail que dans sa vie personnelle en sera affectée. D’où l’importance de prendre soin de protéger l’ouïe résiduelle de ces travailleurs et de considérer leurs besoins en matière de protection auditive comme nécessitant un traitement particulier. 

Peu importe la raison de la perte auditive, la gestion de risque et l’approche lors du choix de protecteurs auditifs commande la plus grande prudence et l’implication des professionnels de la santé auditives (audiologiste, médecin, etc.) du travailleur.


Priorité : la sécurité

Certains travailleurs pourraient déjà ne pas bien entendre les signaux sonores de leur environnement de travail. Si le port de protecteurs auditifs (PA) empêche un travailleur de bien entendre, de reconnaître les signaux de sécurité et d’être pleinement conscient de ce qui se passe autour de lui, il doit en aviser son employeur pour assurer sa sécurité et celle de ses collègues. L’employeur pourrait alors envisager différentes façons de gérer le risque comme les alarmes visuelles. Un bon exemple est l’ajout d’une lumière bleue sur un chariot élévateur en mouvement.

Dans les cas les plus critiques, on pourrait devoir réaffecter les travailleurs malentendants à des postes de travail où le besoin d’entendre ou de communiquer est moins nécessaire pour garantir leur sécurité et celle des autres. Une formation adaptée à leur situation pourrait être nécessaire.


Bien protéger : assez mais pas trop…

Le guide sur la sélection et l’utilisation des protecteurs auditifs de la CNESST propose une liste de critères pour faciliter la sélection des appareils de protection. Parmi les éléments importants à considérer on doit tenir compte de l’environnement et des conditions de travail, du niveau d’exposition au bruit et des caractéristiques des travailleurs.

Pour assurer de bien entendre les signaux sonores importants sans toutefois dégrader l’audition, on vise idéalement une exposition résiduelle sous le PA d’environ 75 à 80 dBA. C’est-à-dire un peu moins fort qu’un aspirateur résidentiel.

Si on choisit un protecteur plus performant que ce qui est requis, c’est comme si on rendait le travailleur artificiellement sourd. En effet, ce dernier n’entendra pas bien les bruits ambiants comme un chariot élévateur ou un véhicule en mouvement. Il pourrait avoir tendance à enlever son protecteur pour être en mesure d’entendre ce qui se passe autour de lui. De l’autre côté, si la protection auditive n’est pas suffisamment performante, l’ouïe du travailleur ne sera pas protégée adéquatement. Il risque alors de voir sa surdité s’aggraver dans le temps.

 


(MARIANNE LAFORTE)

 

Protection auditive adéquate des travailleurs malentendants

Pour éviter la surprotection, il existe quelques choix de protecteurs auditifs (PA) potentiellement adéquats pour les travailleurs ayant une perte auditive et qui travaillent dans un milieu bruyant dangereux :

  • PA avec un affaiblissement plus léger, si le niveau de bruit le permet
  • Protecteur spéciaux comme les protecteurs auditifs actifs PAA
  • PA avec affaiblissement uniforme. C’est ce qu’utilisent les musiciens, parce que le son est plus « naturel » qu’avec des PA ordinaires.

Qu’en est-il des prothèses auditives en milieu de travail?

La norme CSA Z1007 (Gestion du programme de prévention de la perte auditive) prévoit qu’en général, les travailleurs ne devraient pas porter de prothèses auditives dans un milieu bruyant. Elles ne sont pas conçues pour protéger d’une exposition au bruit élevée, même éteintes. Allumées, elles peuvent amplifier le bruit à des niveaux dangereux et aggraver la perte auditive du travailleur.

À moins que l’audiologiste ou un autre professionnel de la santé auditive du travailleur n’ait analysé la situation et ne l’ait autorisé, il n’est pas recommandé de porter une prothèse auditive sous des coquilles.


L’approche gagnante : un travail d’équipe

Trouver l’équilibre entre le besoin du travailleur d’entendre les signaux d’avertissement sonores, de communiquer et de protéger son ouïe résiduelle est d’une grande importance mais pourrait devenir un casse-tête.  


Le travailleur, ses professionnels de la santé auditive de concert avec le gestionnaire doivent faire équipe afin de déterminer la meilleure approche de protection de l’ouïe selon la situation. C’est d’ailleurs ce que propose par la norme CSA Z1007.
 

Marianne Laforte

Conseillère en hygiène industrielle 

 

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