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Des protecteurs auditifs actifs mis à l’essai dans les ateliers de mécanique

Des protecteurs auditifs actifs mis à l’essai dans les ateliers de mécanique

Auto Prévention, en partenariat avec 3M, a lancé un projet de mise à l’essai des protecteurs auditifs actifs (PAA) dans des ateliers de mécanique et d’esthétique automobile. Le même exercice est en cours dans le secteur de la mécanique de véhicules lourds et de la carrosserie. Les conclusions seront présentées dans notre revue de décembre 2021.

Les niveaux de bruit auxquels sont exposés les travailleurs du secteur des services automobiles peuvent être élevés et fluctuants. Les mécaniciens et réparateurs de véhicules arrivent au deuxième rang pour le nombre de surdités professionnelles indemnisées entre 1997 et 20101.

Plusieurs ateliers utilisent des protecteurs auditifs pour limiter les atteintes auditives. Or, pour être efficaces, les protecteurs auditifs doivent être adaptés au niveau de bruit, ils doivent être bien mis et ils doivent être portés durant toute la durée d’exposition au bruit, faute de quoi leur efficacité chute rapidement. Choisir le bon protecteur auditif n’est pas aussi simple qu’il pourrait sembler. 

Il faut protéger assez, mais trop protéger peut s’avérer dangereux. Une mauvaise perception situationnelle de l’environnement peut accroître le risque d’accident quand on ne capte plus les signaux sonores utiles (alarmes, rétroaction sonore d’un outil ou d’une tâche, véhicules en mouvement, etc.). La norme CSA Z94.2 citée au RSST2 propose un niveau sous le protecteur se situant entre 70 et 85 dB(A). En dessous de 70 dB(A), on parle de surprotection. Or, la surprotection est l’une des principales raisons pour enlever ou ne pas porter un protecteur auditif. Nous avons profité du projet pour mesurer l’exposition au bruit de certains participants afin de contextualiser leurs impressions.

LES PAA AU BANC D’ESSAI

L’atténuation des PAA s’ajuste au niveau de bruit ambiant. Ils sont munis de microphones qui captent le bruit et le restituent derrière le protecteur à l’aide de haut-parleurs dont le niveau maximal est limité à 82 d(A). Ils peuvent amplifier les bruits faibles et compresser les bruits élevés pour qu’ils ne dépassent jamais un niveau sécuritaire. Nous voulions savoir si cette technologie est adaptée au secteur, si les techniciens portent plus et plus longtemps les PAA que des protecteurs auditifs passifs ordinaires (PP), si la technologie est avantageuse pour éviter la surprotection et s’il y a un impact sur la sécurité.

Sept techniciens avec une ancienneté dans le métier d’entre 2 et 43 ans chez deux concessionnaires se sont portés volontaires pour travailler avec des PAA pendant 15 jours (cinq en mécanique, un aux pneus et un en esthétique). Un seul ne portait jamais de protecteurs auditifs, quatre en portaient à l’occasion et deux en portaient en tout temps quand le niveau de bruit était élevé. Ceux qui les portaient de façon intermittente le faisaient uniquement pour utiliser des outils très bruyants.

Cinq participants ont choisi les bouchons EEP-100 Peltor et deux ont choisi les coquilles ProTac III Peltor. Ils ont répondu à nos questions pour partager leurs impressions et leurs commentaires avec la communauté des services automobiles.

UNE TECHNOLOGIE ADAPTÉE AU SECTEUR

Les participants ont accordé une meilleure note sur 10 aux PAA qu’aux PP pour la facilité à percevoir les signaux sonores utiles (8,5 contre 2,9) et pour la facilité à communiquer en portant des protecteurs auditifs (8,2 contre 3,6). Les PAA ont obtenu une note sur 10 de 7,9 pour le confort, de 8,9 pour la facilité d’utilisation et de 9,3 pour la facilité d’entretien. Quatre participants se sont sentis plus en sécurité (risque d’accident) avec des PAA qu’avec des PP, les trois autres n’ont pas noté de différence. Deux participants ont révélé être moins fatigués à la fin de la journée quand ils portent des PAA. Six des sept participants ont porté les PAA plus longtemps qu’ils portaient des PP avant le projet. En moyenne, les participants portaient des PP moins de la moitié du temps qu’ils se sentaient exposés au bruit. Ils ont porté les PAA durant 97% du temps d’exposition au bruit, incluant celui produit dans les baies voisines.

Quelques bémols : les microphones externes des bouchons EEP-100 sont sensibles au vent. Le son de l’air comprimé est reproduit comme un grichage que certains ont trouvé désagréable. Pour le diagnostic de bruits de faible intensité, les avis sont partagés quant à la qualité du rendu acoustique. L’un des participants a éprouvé de la difficulté avec un bouchon qui ne tenait pas bien en place. Quelques participants ont ressenti de l’inconfort durant les premiers jours, qui a disparu au bout de deux jours.

Sans être parfaits, les PAA semblent être adaptés aux ateliers de mécanique et d’esthétique. Les PAA permettent une meilleure perception de l’environnement sonore sans jamais être surprotégé, ni se sentir isolé. Ils facilitent la communication, ce qui permet de les porter plus longtemps et d’être protégé du bruit en tout temps, même celui des outils du voisin! Un grand merci aux participants, ainsi qu’à Val Estrie Ford et Kia Sainte-Julie!


« C’est vraiment différent! Ça protège beaucoup plus et quand il n’y a pas de son, tu entends tout. Je trouve ça plus pratique et plus confortable. » – Guillaume Gauthier, technicien en mécanique chez Kia Sainte-Julie.


1. INSPQ 2014, Portrait de la surdité professionnelle acceptée par la Commission de la santé et de la sécurité du travail au Québec : 1997 - 2010 – Troubles de l’audition sous surveillance

2. Règlement sur la santé et la sécurité du travail

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