Confiance vs compétences : l’effet Dunning-Kruger

Cette théorie tire son nom des psychologues David Dunning et Justin Kruger qui l'ont formulée dans les années 1990 après avoir mené des recherches approfondies sur le sujet. Être conscient de cette distorsion du cerveau peut aider les gestionnaires, les travailleurs et les formateurs dans de nombreuses facettes de la santé et de la sécurité du travail, notamment la collaboration entre collègues, la formation, les processus d’accueil et d’intégration des nouveaux travailleurs et la supervision du travail.

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Au cœur de l'effet Dunning-Kruger se trouve un constat paradoxal : les individus qui manquent de compétences dans un domaine particulier sont souvent incapables de reconnaître leur propre incompétence. En d'autres termes, ils ne sont pas assez compétents pour réaliser à quel point ils ne le sont pas, ce qui peut les conduire à des comportements imprudents ou à des décisions mal informées. En santé et sécurité du travail, cette tendance pourrait être observée par de nombreux exemples :

• Minimiser les risques et prendre des chances;

• Mépriser les idées et suggestions des travailleurs d’expérience;

• Se fier à son instinct, plutôt que de consulter les documents de référence;

• Refuser la critique et n’en faire qu’à sa tête;

• Adopter une attitude arrogante et prétentieuse envers les gestionnaires ou les intervenants en SST.

Est-ce qu’il s’agira nécessairement de l’effet Dunning-Kruger en action? Pas toujours, mais se poser la question demeure un excellent point de départ.

À l'opposé, les individus hautement compétents ont souvent tendance à sous-estimer leurs propres capacités. Ils supposent que les autres partagent leur niveau de compétence, ce qui peut les amener à minimiser leurs réalisations et à hésiter à prendre des initiatives. La capacité de mettre en doute ses connaissances et ses méthodes de travail n’est donc pas un défaut, mais au contraire, une qualité dont tout le milieu de travail peut bénéficier!

Représentation de l’effet Dunning-Kruger

1. Je suis un débutant. Tout est normal.

2. Je crois que j’ai tout compris.

3. Ayoye! Finalement, je ne connais pas grand-chose.

4. Petit train va loin… et ça devient enfin plus clair!

5. Je sais ce que je sais et ce que je ne sais pas.

Comprendre le cadre d’application de l’effet Dunning-Kruger peut permettre également aux entreprises et aux comités de santé et sécurité de mettre en place des mesures de prévention plus efficaces, de mieux soutenir ses travailleurs et de mieux outiller les coachs et formateurs. Il ne faudrait pas oublier que nous sommes tous humains, après tout.

Samuel Laverdière Conseiller en hygiène industrielle