Un jeune travailleur de 18 ans a perdu la vie en 2014 lorsqu’une minifourgonnette est tombée d’un pont élévateur. Suite à cet événement, Auto Prévention a mis en place le Groupe de prévention Maxime-Fortier composé de plusieurs acteurs du milieu. C’est ce comité qui a fait une demande à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail (IRSST) afin d’y voir plus clair sur la sécurité des ponts élévateurs hors terre à 2 colonnes (HT2C), soit le type de pont le plus impliqué dans des événements suite au sondage réalisé dans le cadre du projet de recherche avec l'IRSST.
L’équipe de recherche de l’IRSST a étudié, sous les angles de sécurité et d’ergonomie, les différents aspects du levage des véhicules afin de mieux comprendre pourquoi des véhicules chutent de ce type de pont élévateur. Les résultats de ces travaux ont mené à un rapport de recherche, une fiche synthèse qui sera bientôt disponible et une conférence web (40 min).
Cette étude nous apporte des données scientifiques d’intérêt pour bien comprendre les différents enjeux sur la stabilité du véhicule et sur le travail des techniciens.
Voici quelques faits saillants
- La responsabilité est partagée : toutes les personnes du secteur doivent s’impliquer;
- Les personnes qui répartissent le travail ont un rôle important à jouer ! Par exemple : refuser les véhicules trop lourds ou trop rouillés; répartir le travail en s’assurant que le véhicule, le pont, le travail à faire et l’expérience du technicien sont compatibles;
- Pour les gros véhicules, comme les « pickups », considérer que la capacité de levage du pont ne suffit pas;
- Le risque de glissement du véhicule sur les patins est réel. Il faut choisir les bons patins et bien les placer (ex. : point de levage bien centré);
- Attention à l’usure du pont : elle peut augmenter les risques lors du levage.
ATTENTION AUX GROS VÉHICULES !
Il s’agit d’une préoccupation importante dans le secteur et le rapport de recherche identifie certains éléments importants à ce sujet.
La configuration allongée des camionnettes et des fourgonnettes fait en sorte qu’une grande proportion du véhicule est dans le vide lorsqu’il est soulevé. Le long « porteà- faux » d’une camionnette avec un chargement au coffre, peut surcharger les bras arrières du pont élévateur et favoriser l’apparition d’un mouvement de balancement (oscillation du véhicule). En plus d’accentuer le risque de chute du véhicule, ces phénomènes peuvent conduire à de l’usure prématurée du pont élévateur.
Il a été démontré par l’IRSST que le poids d’une camionnette vide (Ford F-150) repose à 46% sur les bras avant et 54% sur les bras arrière du pont élévateur. Si on fait simplement ajouter une charge d’environ 200 kg dans la caisse, on se retrouve alors avec 71 % du poids qui repose sur les deux bras arrière du pont élévateur.
C’est l’équivalent d’avoir une petite voiture (1000 kg) sur chacun des bras arrière! Il est donc important d’utiliser un pont élévateur avec une capacité offrant une marge de sécurité plus importante pour compenser ce phénomène. Certains techniciens vont aussi avancer davantage ces types de véhicules pour diminuer l’extension des bras arrière et donc diminuer la flexion. C’est évidemment du « cas par cas » et chaque situation doit être analysée afin de trouver le meilleur équilibre.
« Un pickup... c’est la guerre des étoiles. Chaque pickup est unique dans son genre. » déclare un participant de l’étude.
Éléments à considérer par l’employeur pour le levage des plus gros véhicules :
- Laisser le temps nécessaire pour lever les véhicules plus risqués;
- Favoriser l’entraide entre les travailleurs;
- Fournir tous les équipements nécessaires (ex. patins, adaptateurs pour patins, chandelles);
- Prendre des décisions : lever ou pas ? Si oui, sur quel type de pont.
LES PETITS VÉHICULES NE SONT PAS SANS RISQUES !
Selon les résultats des tests, il faut aussi faire attention à la sous-sollicitation des bras du pont élévateur particulièrement pour les plus petits véhicules. Effectivement, un bras trop peu chargé, suite à une usure (déformation), pourrait avoir tendance à pivoter sous le véhicule. L’usure du pont est donc un phénomène à ne pas négliger concernant la répartition des forces entre les quatre bras.
Ultimement c’est au technicien d’effectuer le levage, mais le choix/achat du pont, la répartition du travail, la sensibilisation du client à décharger son véhicule, la méthode choisie par l’employeur pour favoriser l’entretien du pont sont des exemples d’éléments qui peuvent favoriser un levage plus sécuritaire.
Merci à l’équipe de l’IRSST pour leur précieuse collaboration.
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