
(MARIANNE LAFORTE)
C’est la quatrième pompe à essence que vous remplacez aujourd’hui. Un mal de tête commence à se faire sentir, il est seulement 11 h 30. Le reste de la journée promet d’être particulièrement long. |
Est-ce que cette histoire vous est familière?
Les rappels de pompes à essence, ou d’autres travaux autour des réservoirs ou des lignes d’alimentation en essence sont une réalité dans le secteur automobile. Et si cette procédure de routine cachait des risques pour votre santé et votre sécurité en raison des vapeurs d’essence?
Plongeons au cœur de cette problématique souvent négligée, en explorant les dangers cachés derrière ces interventions techniques, de manière à trouver comment réduire les effets sur la santé tout en accomplissant votre travail.
Effets sur la santé
Le contact de l’essence liquide avec la peau peut causer des rougeurs et un assèchement cutané pouvant entraîner une dermatite de contact. Lorsqu’elles sont inhalées, les vapeurs d’essence peuvent affecter le système nerveux central, ce qui se manifeste par des étourdissements, des maux de tête, des nausées et un état semblable à l’ébriété. À long terme, l’exposition aux vapeurs pourrait également causer un cancer, avoir des effets sur la fertilité ou provoquer des anomalies génétiques chez le fœtus.
Quelques bons arguments pour penser à des stratégies de prévention et se protéger adéquatement!
Prévenir l’émission de vapeurs
Avant de prévenir l’émission de vapeurs, il faut d’abord comprendre leur comportement. Comme les vapeurs d’essence sont plus lourdes que l’air, elles s’accumulent au niveau du sol ou dans les zones basses du véhicule par exemple. Les vapeurs d’essence sont donc plus concentrées dans ces zones, ce qui génère également un risque d’incendie en plus des effets sur la santé des travailleurs.
Lorsque possible, il est préférable de travailler en circuit fermé afin d'empêcher les vapeurs de s'évaporer dans l'air. Dans le cas qui nous intéresse, ce n’est toutefois pas envisageable. Évaluons donc les autres stratégies disponibles pour réduire l’émission de vapeurs dans l’environnement de travail.
Pour éviter d’inhaler des concentrations importantes de vapeur d’essence, il est important de privilégier une ventilation générale suffisante pour aérer les lieux. Une ventilation locale pourrait être requise lors de travaux générant une quantité importante de vapeurs ou lorsque les travaux sont prolongés.
Pensez à une méthode de travail permettant de limiter autant que possible l’émission de vapeurs dans l’air ambiant afin d’éviter d’exposer les travailleurs. Voici quelques exemples :
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Réservoir presque vide, en invitant les clients à se présenter avec un réservoir à moins du quart ou, le cas échéant, en utilisant un transvideur d’essence homologué FM ou ULC.
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Remettre le couvercle en place pendant les travaux à effectuer à l’établi.
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Ventiler les postes de travail au maximum avec une captation de type antidéflagrante en conformité avec l’article 53 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail RSST.
(HP FILLION)
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À éviter : les ventilateurs disponibles en grande surface qui ne sont pas antidéflagrants sont à proscrire pour éviter les risques d’incendie.
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Disposer rapidement des torchons imbibés d’essence dans une poubelle métallique avec couvercle étanche homologuée UL ou FM. Opter pour des torchons jetables pour éviter les feux qui pourraient résulter de l’utilisation d’une machine à laver (comme le moteur de la machine n’est pas antidéflagrant).
Mesures administratives
Pour réduire l’exposition des travailleurs, il serait pertinent de distribuer les tâches de rappel à plusieurs techniciens plutôt que d’en laisser le soin au même employé pendant toute une journée.
Protection respiratoire
C’est la concentration dans l’air qui permet de déterminer si une protection respiratoire est requise. L’ajout d’une ventilation locale pourrait permettre de garder la concentration des vapeurs sous la valeur limite d’exposition (VLE).
Lors d’un dépassement de la VLE, nous recommandons le port d’un masque à cartouches chimiques pour vapeurs organiques approuvés par l’agence gouvernementale américaine National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH). Dans ce cas, la mise en place d’un programme de protection respiratoire (PRR) est requise. Pour obtenir plus d’information sur les PRR, vous pouvez communiquer avec le département de santé au travail de votre secteur ou avec votre conseiller d’Auto Prévention.
Autres voies d’absorption
L’essence, comme tous les produits pétroliers, a un effet dégraissant sur la peau, ce qui favorise l’absorption du produit par pénétration via le système sanguin et lymphatique. Il est donc important de se protéger pour éviter les effets à long terme.
Les recommandations en matière de protection des mains pour l’essence varient beaucoup d’une fiche de données de sécurité (FDS) à l’autre. Par exemple, certaines FDS préconisent des gants d’alcool polyvinylique (PVAL) ou de Viton (R) pour travailler avec l’essence. Les fabricants sérieux d’équipements de protection individuelle sauront vous renseigner sur le type de gants le mieux adapté à vos besoins et leurs limites.
Attention, les gants de nitrile offrent une protection limitée et ils se dégradent plus rapidement lorsqu’ils entrent en contact avec l’essence.
Pour protéger vos yeux, portez des lunettes de sécurité. Lorsque le risque d’éclaboussure est présent, portez un écran facial ou des lunettes étanches à ventilation indirecte de type goggles.
(AUTO PRÉVENTION)
Ne pas oublier
Il existe également des risques d’incendie ou d’explosion pour tous les travaux impliquant l’utilisation de l’essence. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter notre fiche technique sur la Méthode sécuritaire générale de transvidage et de retrait de réservoir de carburant. Les recommandations générales concernant les équipements nécessaires ainsi que l’utilisation d’outils antidéflagrants s’appliquent également lors de travaux sur la pompe à essence.
Nous sommes toujours là pour discuter des solutions que vous avez mises en place ou des procédures que vous souhaitez modifier. Contactez votre conseiller en prévention pour en parler.
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