(PIERRE LANGEVIN)
Devenir son propre patron est le rêve de plusieurs travailleurs. Mais, ce n’est pas donné à tous. Il y a maintenant 25 ans, Benoit Contant, propriétaire de Contant Centre de collision CarrXpert, à Saint-Jean-Richelieu empruntait cette voie. Ce dernier, accompagné de son adjointe, Karina Simard, a gentiment accepté de répondre à nos questions portant notamment sur son expérience de gestionnaire ainsi que ses enjeux et défis en matière de santé et de sécurité au travail au fil des ans. |
Quel parcours avez-vous emprunté avant de devenir propriétaire de carrosserie?
BC Tout d’abord, j’ai un DEP en mécanique automobile. Mes premiers emplois étaient chez un détaillant de pièces automobiles et ensuite chez un concessionnaire. Par la suite, j’ai accepté le travail d’aviseur technique dans un autre concessionnaire. Au bout de quelques années, le directeur de la carrosserie a quitté l’entreprise et on m’a alors déplacé dans son poste. À ce moment, je n’avais aucune expérience ni connaissance dans ce type de milieu de travail. Trois années plus tard, on m’a offert de m’incorporer et de louer l’espace de la carrosserie. Et c’est comme ça que j’ai atterri dans monde de la carrosserie.
Quel était le niveau de prise en charge de la SST à vos débuts comme propriétaire?
BC Au début, j’étais un carrossier indépendant, je ne faisais pas partie d’une bannière. On était vraiment mauvais en SST. J’avais tellement de choses à m’occuper, que faute de temps, la prévention et la gestion de la SST étaient un peu le dernier de mes soucis malheureusement. Au début des années 2000, j’ai embarqué avec la bannière CarrXpert et j’ai dû alors adhérer à la mutuelle prévention de la CCAQ. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à m’intéresser plus sérieusement à la SST.
Cependant, rien n’avait changé et je manquais toujours de temps et de ressources. Ce n’est qu’une fois l’embauche d’une personne pour m’aider au niveau administratif, Karina, qu’il y a eu une véritable prise en charge de l’aspect SST dans l’entreprise. D’ailleurs, n’eût été cette soudaine prise en charge, nous aurions probablement été exclus de la mutuelle.
(PIERRE LANGEVIN)
Quelles sont vos plus belles réalisations en matière de SST depuis les 25 dernières années?
BC Il y en a plusieurs! Mais le fait que les employés viennent me voir librement pour me proposer des améliorations ou encore me demander de nouvelles protections me rend très fier. Par exemple, un de mes travailleurs m’a proposé de mettre en place un système d’adduction d’air pour le nettoyage des pistolets de peinture, car il se sentait incommodé par les vapeurs de diluant à peinture. Ma réaction a été de lui dire qu’on allait s’organiser pour que son idée fonctionne. On a alors installé une prise pour brancher son masque à proximité de l’unité de nettoyage. Je suis très content de cette réalisation. Connaissant les conséquences possibles que les vapeurs de ces matières peuvent avoir sur le système nerveux humain à long terme, je ne voudrais pas avoir un sentiment de culpabilité envers un éventuel problème de santé pour l’employé. Je trouve très important de faire en sorte de que mes travailleurs soient toujours bien protégés.
(PIERRE LANGEVIN)
Comment s’est déroulée la transition de travailleur à employeur concernant les responsabilités en SST ?
BC J’ai trouvé ça plutôt difficile. Pour être franc, au début je détestais cela. C’était beaucoup d’apprentissage et je n’avais pas le bagage ni l’expérience requise. Mais à un moment donné, je me suis bien rendu compte qu’il fallait fournir des efforts pour améliorer l’aspect santé-sécurité de l’entreprise.
Est-ce qu’il y a un événement interne plus marquant qui a fait en sorte de solidifier la culture SST au cours des dernières années?
BC Nous avons un de nos travailleurs qui est décédé des suites d’une longue maladie (cancer du poumon) il y a de cela quelques années. Celui-ci avait travaillé auparavant pendant environ 30-40 ans comme peintre dans un autre établissement. C’était un travailleur de la « vieille école »: il a peinturé pendant pratiquement toute sa carrière sans masque ni protections adéquates, en plus d’être fumeur. C’est dommage, car de fil en aiguille, nous avions réussi à le sensibiliser à l’importance de se protéger. Même que peu de temps avant qu’il tombe malade, il était fier d’avoir arrêté de fumer et de porter désormais ses protections requises. Mais c’était trop peu trop tard dans son cas.
KS Les bons comportements de nos travailleurs concernant les protections étaient déjà établis. Cependant, cet événement tragique a évidemment fait en sorte de les renforcer. Au final, c’est très malheureux, car nous avons perdu un collègue, un ami qui était fort apprécié de tous.
(PIERRE LANGEVIN)
Comment est venue la collaboration avec Auto Prévention pour l’implantation de votre comité santé-sécurité ?
KS Tout a commencé lorsque je suis arrivé ici il y a maintenant 10 ans. J’ai voulu amener cette activité de mon expérience d’emploi précédent. J’avais vu les bénéfices que cela avait apportés. Bien que rien ne nous obligeait d’avoir un comité, je suis entrée en contact avec le conseiller d’Auto Prévention de l’époque, et nous avons mis sur pied le comité. Il n’a jamais cessé ses activités depuis.
KS Je trouve ça important, car ça permet à notre monde de s’impliquer, de pouvoir discuter des nouveautés, des bris, des enjeux, etc. On est dans un mode « prévenir » plutôt qu’un mode « guérir ».
BC Je trouve que le fait d’impliquer nos gens fait une différence au niveau de l’engagement et de la conscientisation de nos gens. À ce sujet je leur dis souvent que nous avons tous besoin les uns des autres ici.
Un immense merci à Benoit Contant et Karina Simard ainsi qu’à toute l’équipe de Contant Centre de collision CarrXpert pour leur générosité!
Jonathan FortierConseiller en prévention |
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